La solitude

Je marche dans la nuit, seul face au silence du monde.

Nul ne me répond, tout est calme. La lune berce mes pas.

Là-haut les gens vivent sur des îles et flottent au milieu des nuages.

Quelque part, dans le parking.
Un homme pousse un caddie dégueulant de tissus, d'ordures, de souvenirs.

Il charrie les biens dont nul n'a daigné lui contester la propriété.

Il déambule sur l'espace vide du béton, attiré par la lumière des lampadaires comme un papillon de nuit.

Comme les insectes ivres et éblouis, il se heurte au métal et au verre en pensant aux îles qui flottent au-dessus de sa tête. De lampadaire en lampadaire, il fracasse sa vie dans le silence du mauvais alcool et de la solitude.

Je trouve que la nuit est belle. J'aimerai partager ce bleu d'encre avec cet homme. Je fouille mes poches, je m'approche de lui comme un fantôme, il jure avoir vu un spectre, me demande de l'argent et accepte le billet que je lui tends, en silence, le regard creux.

J'éprouve une honte étrange, mais l'homme me remercie. Ces mots nocturnes restent fichés dans ma gorge. Il s'en va, la mer sur les épaules l'esquif entre les poings, la tête noyée dans le bleu. Chez moi, ou peut-être chez lui, j'observe le ciel par la fenêtre et je ferme les yeux.

Demain, nous partagerons.

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