Pensée du jour

Maurice Giraud, je ne le connaissais pas.
Il est un parmi les innombrables.
Et il est mort un jour d'Avril, ami des Humains.

Il est parti le verbe haut,
en regrettant que sa voix s'éteigne, toujours trop tôt,
Et que le destin, non sans malice
Se trompe d'urne à quelques semaines près.

Dans la mort, il a eu le front de partir
avec un sourire, et un clin d'oeil :

Ne lâchez rien !


Je vois la vie en rouge

Je suis arrivé à Paris
Et je t'ai rencontrée
Ensemble toi et moi
Nous avons marché

Main dans la main
Le poing levé
Et toujours un sourire
Quand nos regards se sont croisés

Entourés de nos Camarades
qui bougeaient
Contre un gouvernement
qui continue de nous mépriser

Ensemble nous avons continué
d'avancer
Avec mes mots doux et
toi
qui rougissais

Cette marche a été pour moi
une grande fierté
De voir tout ces gens
m'a émerveillé
Et te voir toi,
je me suis senti aimé

Ensemble pour une vraie liberté

Je ne suis pas poète
c'est vérifié
Mais par ces mots se dégage ma sincérité
Toi qui est à mes côtés
Tu es l'être que je rêvais et voulais

Du rouge du rouge et encore du rouge
Pour un monde qui bouge
le 18 mars 2012
Où tu as pris ma main
Pour de meilleurs lendemains

Ensemble nous prendrons le bon chemin.
Je t'aime ma tite pomme d'amour.

"Un petit poème pour ma chérie Maude, je sais pas si ça mérite d'être publié sur le blog car je suis nul en poème"

[Guillaume Will Silvestre, rencontré sur la page facebook de Jean-Luc Mélenchon, heureux et en couple depuis la prise de la Bastille !]

Pensée du jour

Il y eut d'abord la nuit
Puis le brouillard

Puis nos premiers regards
Encore hébétés

Puis les premières clameurs
Et les premiers sourires

Quand tout au long des heures
On vit les idées courir

De mains en mains
De têtes en têtes

Rouges et fières
à en rugir.

Ghjuvan

Il y a bientôt 40 ans
Ma mère m'a prénommé Ghjuvan
J'ai trois enfants, une femme
Et je repousse le moment
Assis là, dans ma voiture
De leur dire que d'un cran
Il faudra serrer la ceinture
Qui nous coupe déjà le sang

J'ai ravalé ma fierté
Laissé tomber la sentence
''Demain, je serai licencié''
Puis on a mangé en silence
J'ai trouvé un mauvais sommeil
Dans un rêve, j'ai vu mon père
Qui nous a quitté cet hiver
Il m'a murmuré à l'oreille

Si tu te rends, si tu abandonnes
C'est renoncer à tout
Ce qui fait de toi un homme
Tu vaux bien mieux
Que ce qu'ils te donnent
Ne te rend pas
Ghjuvan ne te rend pas

Ils m'offrent un autre emploi
En Inde à New Delhi
60€ par mois
En bout de route si je dis oui
Ils m'auraient craché au visage
J'aurai trouvé ça moins blessant
J'entends au travers des nuages
Ta voix me disant doucement

Si tu te rends, si tu abandonnes
C'est renoncer à tout
Ce qui fait de toi un homme
Tu vaux bien mieux
Que ce qu'ils te donnent
Ne te rend pas
Ghjuvan ne te rend pas

Je regarde une dernière fois
La ville où je suis né
Serrant tout contre moi
La main de mon fils aîné
On va partir vers le nord
Et tout reprendre à zéro
Chercher un meilleur sort
En s'accrochant à tes mots

Si tu te rends, si tu abandonnes
C'est renoncer à tout
Ce qui fait de toi un homme
Tu vaux bien mieux
Que ce qu'ils te donnent
Ne te rend pas
Ghjuvan ne te rend pas


[ Cristini, chanteur et musicien engagé. Texte de cette chanson envoyé par e-mail. Son site : http://cristini.info/ ]

Pensée du jour


Ceux que la vie a éreinté, ceux qui ont été oubliés, ceux qui sont avant tout elles, les femmes, et puis tant d'autres, broyés dans l'indifférence, ou plaints par les charitables, sans qu'ils ne s'en émeuvent davantage lorsqu'ils tournent au coin de la rue : nous ne vous oublierons jamais. Vous n'êtes pas des anonymes, votre nom est identique au nôtre : nous sommes le peuple des Humains.


Les innombrables

Chiffrez, chiffrez, chiffrez
Qu'ils disent

Mais on le sait, c'est impossible
De compter la somme

De ces belles rencontres
De ces heures heureuses

De ces couples formés
De ces amis retrouvés

De ces sourires
De ces baisers

Et du flot irréductible des idées
Qui se brassent
Et embrasent

Tout le peuple dans le brouillard rassemblé.

[Ex Libris, créature du plat pays hantant la page facebook de Mélenchon, à gauche toute !]

Nos âmes en jachère

Cristaux de sel sur ta peau endormie
Grains de riz en lisière de tes formes arrondies
A cheval dans un entre-deux
Entrelacés au beau milieu des signes
Des signifiants, des signifiés
Parfois pétrifiés par l’intensité de nos regards de braise
Parfois défaillants
Nos paupières lourdes de trop d’espoirs partis
Sur la route des Indes.

Envolés nos sourires
En myriades de lèvres infinies
Explosantes, implosantes, autodétruites.

Mort-nées nos envies d’autrefois
Glacées dans nos veines palpitantes.

Je me heurte aux murs des prisons,
Savamment construites
Par nos âmes complexes,
Blocs résistants qu’un jour on attaque à la pioche.

Je vois des têtes doubles perdues dans une ronde
Trop grandes pour nos corps trop petits
Vouées à l’insatisfaction
A l’éternelle déception.

Nos âmes en jachère
Tant les projets sont flous.

Nos âmes en jachère
Tant l’utopie est jonchée de cadavres,

Nos âmes en jachère pour combien de milliards de temps ?
Au temps de la seconde marchande.

Nos âmes en jachère qui partiront demain ;
Qui, des corps endoloris couverts de mousse
Eclateront dans la lumière verte
Horizontale, offerte aux initiés de la terre.

Nos âmes lévitantes levant leurs yeux chagrins
Etonnés, en colère, vers les Dieux du Temple aux colonnes dorées.

Nos âmes en jachère soudain fleuries et luxuriantes
Devant qui les Dieux tombés en Enfer
Se prosterneront pour demander grâce.

Nos âmes en jachère
Regards de proue et peau de soie
Fixant la montagne d’or des souterrains des banques
Aussitôt rivière de feu, poudre liquéfiée
Ruisseau frais ouvrant les bras au monde de demain.

Nos âmes en jachère
A la conquête des âmes mortes
Dans l’ordre établi des provinces du Nord.

Nos âmes victorieuses devant le théâtre des faux prophètes
Des charlatans de l’âme, du travail obscur des âmes
Dominées par une logique de la fragmentation…

Quand il s’agit pour nous désormais
De toucher les mains de nos corps irréels
De pénétrer le Temple de nos corps païens.


[Paul Rapinat-Seligmann, 2011. Rencontré sur le chemin de Toulouse, le 5 avril 2012]