Cristaux de sel sur ta peau endormie
Grains de riz en lisière de tes formes arrondies
A cheval dans un entre-deux
Entrelacés au beau milieu des signes
Des signifiants, des signifiés
Parfois pétrifiés par l’intensité de nos regards de braise
Parfois défaillants
Nos paupières lourdes de trop d’espoirs partis
Sur la route des Indes.
Envolés nos sourires
En myriades de lèvres infinies
Explosantes, implosantes, autodétruites.
Mort-nées nos envies d’autrefois
Glacées dans nos veines palpitantes.
Je me heurte aux murs des prisons,
Savamment construites
Par nos âmes complexes,
Blocs résistants qu’un jour on attaque à la pioche.
Je vois des têtes doubles perdues dans une ronde
Trop grandes pour nos corps trop petits
Vouées à l’insatisfaction
A l’éternelle déception.
Nos âmes en jachère
Tant les projets sont flous.
Nos âmes en jachère
Tant l’utopie est jonchée de cadavres,
Nos âmes en jachère pour combien de milliards de temps ?
Au temps de la seconde marchande.
Nos âmes en jachère qui partiront demain ;
Qui, des corps endoloris couverts de mousse
Eclateront dans la lumière verte
Horizontale, offerte aux initiés de la terre.
Nos âmes lévitantes levant leurs yeux chagrins
Etonnés, en colère, vers les Dieux du Temple aux colonnes dorées.
Nos âmes en jachère soudain fleuries et luxuriantes
Devant qui les Dieux tombés en Enfer
Se prosterneront pour demander grâce.
Nos âmes en jachère
Regards de proue et peau de soie
Fixant la montagne d’or des souterrains des banques
Aussitôt rivière de feu, poudre liquéfiée
Ruisseau frais ouvrant les bras au monde de demain.
Nos âmes en jachère
A la conquête des âmes mortes
Dans l’ordre établi des provinces du Nord.
Nos âmes victorieuses devant le théâtre des faux prophètes
Des charlatans de l’âme, du travail obscur des âmes
Dominées par une logique de la fragmentation…
Quand il s’agit pour nous désormais
De toucher les mains de nos corps irréels
De pénétrer le Temple de nos corps païens.
[Paul Rapinat-Seligmann, 2011. Rencontré sur le chemin de Toulouse, le 5 avril 2012]
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